Emanuel Aguirre est photographe rédacteur indépendant, contributeur chez Getty Images et Sipa Press. Ses travaux seront montrés pour la première fois à Visa pour l’Image en 2009.
Connu par la presse internationale pour ses reportages à haut risque notamment sur le grimpeur urbain Alain Robert appelé « L’homme Araignée » qu’il va suivre pendant plus de 15 ans, il travaille aussi pour plusieurs agences d’évènementiel parisiennes et réalise des travaux « corporate » pour des grands groupes ou marques de luxe.
Parallèlement, loin de ses clichés sur l’homme araignée attaquant des monstres de verre et d’acier et de ses commandes, il mène plusieurs projets de photo-journalisme et propose ses reportages complets (images et textes) aux rédactions sur des thèmes très variés : Harley à Cuba, Vaudou en Haïti et en Afrique, Santeria à Cuba, Lucha Libre au Mexique, Hijras en Inde, bidonvilles au Nigéria, recyclage au Ghana…
Historien de formation et passionné d’anthropologie, il se livre depuis de nombreuses années à une approche photographique sur l’un de ses thèmes de prédilection qu'est le Vaudou et les religions animistes qui ont rayonné sur une grande partie de l’Amérique à travers l’apport massif des esclaves venus d’Afrique sur ce continent.
Depuis quelques années E.Aguirre a décidé de se lancer dans une aventure photographique plus artistique et expérimentale basée essentiellement sur le portrait de rue qu'il aime à nommer "arrêt sur visage"...
Il s’agit d’installer un studio (set) éphémère -à l’instar d’Avedon ou Irving Penn- in situ, en plein cœur de l’action et de faire des portraits sur un fond neutre noir, avec des flashs de studio lors d'évènements bien spécifiques : rassemblements la plupart du temps religieux mais aussi communautaires, carnavalesques, festivals, et autres quartiers en ébullition de certaines mégapoles
E. Aguirre explique qu'il aime capter ces portraits dans des endroits et lors d'évènements où les hommes sont susceptibles à un moment T de leur vie d'être à l'extrême d'eux-mêmes...
L’effet d'éclairage avec les flashs de studio crée une lumière contrôlée et flatteuse, ce qui modifie l'aspect naturel de la scène et supprime cette dimension « brute » et renforce l'idée d'une mise en scène. L’utilisation d’un fond neutre décontextualise le sujet par rapport à son environnement immédiat.
Le recours à des outils de photographie professionnelle, tels que les flashs, le cadrage précis et le fond neutre donne l'impression d'une intervention artistique. La réalité de la rue n'est plus présentée telle qu'elle est, mais transformée en une vision stylisée, soigneusement construite.
Utiliser des équipements de studio, habituellement associés à la photographie de mode ou de portrait professionnel, donne une dimension de glamour ou de perfection à un environnement qui est normalement spontané et imprévisible. Cette mise en forme semble mettre l'accent sur l'esthétique plutôt que sur la documentation pure.
Mais cette démarche qui se voudrait esthétisante et tout simplement artistique « entraîne un décalage du regard qui permet une approche différente du reportage classique et permets de re-situer l'Humain et toute sa singularité au coeur même de la narration... »
E.A